Page:Schopenhauer - Mémoires sur les sciences occultes.djvu/49

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
14
MÉMOIRES SUR LES SCIENCES OCCULTES

qui a trait à cette croyance, à la suite de Baltazar Becker, Thomasius et quelques autres, et cela dans la bonne intention de proscrire à tout jamais les cruels procès de sorcellerie en proclamant l’impossibilité de la magie. Cette opinion, favorisée par la philosophie du siècle, prit alors le dessus, mais dans les classes savantes et cultivées seulement. Le peuple n’a jamais cessé de croire à la magie, pas en Angleterre, il est vrai, ce pays dont les classes cultivées au contraire savent joindre à une foi de charbonnier dans les choses de religion, qui les rabaisse, un scepticisme inébranlable quand il s’agit des faits, qui dépassent les lois de l’action et de la réaction des acides et des alcalis, et qui voudraient bien que leur grand compatriote (Shakespeare) n’ait pas dit qu’il y a dans le ciel et sur la terre beaucoup plus de choses que leur philosophie ne se l’imagine. Une branche de l’ancienne magie est restée publiquement d’un usage quotidien parmi le peuple, ce qu’elle a pu faire étant donné son but bienfaisant : je veux parler des cures sympathiques dont on peut difficilement mettre en doute la réalité. Parmi les faits les plus habituels est la cure sympathique de la verrue, dont Bacon de Verulam, si positif et si prudent, nous con-