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MÉMOIRES SUR LES SCIENCES OCCULTES

pas s’y élever ; ils se la figurèrent comme ne pouvant exclusivement être qu’une domination médiate. Partout, en effet, les religions des différents peuples avaient mis la nature sous la domination des dieux et des démons. Diriger ces derniers à sa volonté, les mettre à son service, les contraindre à lui obéir, tel était le but des efforts du magicien ; et c’était aux démons qu’il attribuait les succès qu’il pouvait obtenir parfois ; exactement comme Mesmer, en commençant, attribuait les succès de ses magnétisations à la baguette magnétique qu’il tenait dans les mains, au lieu de l’attribuer à sa volonté, qui était le véritable agent. C’est ainsi que tous les peuples polythéistes prenaient la chose et que comprennent la magie Plotin[1] et Jamblique pour lesquels la magie est Théurgie, pour employer une expression dont Porphyre a usé le premier. À cette explication était favorable le polythéisme, cette aristocratie divine, qui partage la domination sur les diverses forces de la nature entre autant de dieux et de démons, qui, pour la plupart, ne sont que des forces de la nature personnifiées et dont le magicien sait

  1. Chez Plotin se fait jour ici et là une vue plus juste de la chose : par exemple, Enn. II, livre III, c. 7. — Enn. IV, livre III, c. 12, et livre IV, et, 40, 43, et livre IX, c. 3.