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MAGNÉTISME ANIMAL ET MAGIE

se concilier les bonnes grâces, les bonnes grâces tantôt de celui-ci, tantôt de celui-là, ou qu’il sait faire servir à ses volontés. Ce n’est que dans la monarchie divine, où toute la nature obéit à un seul, qu’il eût été téméraire de penser pouvoir conclure avec le souverain maître un pacte privé ou de prétendre exercer sur lui une domination. Là, donc, où dominaient le Judaïsme, le Christianisme ou l’Islam, la toute-puissance du Dieu unique s’opposait à cette explication, le magicien ne pouvant guère se risquer avec ce dieu tout-puissant. Il ne lui restait plus alors que d’avoir recours au diable ; avec lequel alors, en qualité de prince des rebelles, de descendant immédiat d’Ahriman, auquel est resté toujours quelque pouvoir sur la nature, il conclut alliance pour s’assurer son aide : c’est là « Magie noire. » La « Magie blanche », son contraire, était caractérisée par ce fait que le sorcier ne faisait pas un pacte d’amitié avec le diable : c’était la permission ou la collaboration du Dieu unique lui-même qu’il sollicitait par l’intermédiaire des anges. Ou plus souvent encore, par l’emploi des noms et qualifications rares, hébraïques de Dieu[1], comme celle d’A-

  1. Delrio, disquis. mag. livre II, q. 2. — Agrippa a Nettesheym, de vanitate scient. c. 45.