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MAGNÉTISME ANIMAL ET MAGIE

qu’entre les phénomènes seuls, que la chose en soi reste indépendante d’elle ; qu’une action directe sur la nature est possible à l’homme et que cette action directe n’est réalisable que par la volonté seule. Veut-on maintenant, pour se conformer à la classification de Bacon, faire de la magie la métaphysique pratique ? Il est certain que la métaphysique théorique correspondante, qui lui convient le mieux, ne peut pas être autre que la mienne, qui résout le monde en ces deux choses : volonté et représentation.

Le zèle inhumain que de tous temps l’Église a mis à poursuivre la magie, et dont le Malleus maleficarum des Papes donne un témoignage redoutable, ne paraît pas seulement reposer sur les intentions souvent criminelles, qui sont souvent les siennes ni sur le rôle supposé que le diable y joue. Ce zèle vient en partie d’un pressentiment obscur et inquiet que la magie ne remette à sa vraie place la force originelle (Urkraft) ; tandis que l’Église l’avait au contraire reléguée en dehors de la Nature[1].

  1. Tel est le sens du fameux :

    Nos habitat, non tartara sed nec sidera cœli ;
    Spiritus in nobis qui viget, illa facit.

    Il n’habite pas dans le ciel et il n’habite pas non plus