Page:Schwob - Cœur double, Ollendorff, 1891.djvu/304

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée


LA TERREUR FUTURE




Ἔλεος καὶ πάθος.

Les organisateurs de cette Révolution avaient la face pâle, les yeux d’acier. Leurs vêtements étaient noirs, serrés au corps ; leur parole brève et aride. Ils étaient devenus ainsi, ayant été différents autrefois. Car ils avaient prêché les foules, en invoquant les noms de l’amour et de la pitié. Ils avaient parcouru les rues des capitales, avec la croyance à la bouche, chantant l’union des peuples et l’universelle liberté. Ils avaient inondé les demeures de proclamations pleines de charité ; ils avaient annoncé la religion nouvelle qui devait conquérir le monde ; ils avaient réuni des adeptes enthousiastes pour la foi naissante.

Puis, au crépuscule de la nuit d’exécution, leurs manières changèrent. Ils disparurent dans une maison de ville, où ils avaient leur siège secret. Des bandes