Page:Schwob - La Lampe de Psyché, 1906.djvu/271

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innocents pour les empêcher de souffrir, un hôpital où on guérissait du travail de la vie. Et Monelle était la geôlière et l’infirmière.


La petite Monelle regardait jouer les enfants. Mais elle était très pâle. Peut-être avait-elle faim.

— De quoi vivez-vous, Monelle ? lui dis-je tout à coup.

Et elle me répondit simplement :

— Nous ne vivons de rien. Nous ne savons pas.

Aussitôt elle se prit à rire. Mais elle était très faible.

Et elle s’assit au pied du lit d’un enfant qui était malade. Elle lui tendit une des petites bouteilles blanches, et resta longtemps penchée, les lèvres entr’ouvertes.


Il y avait des enfants qui dansaient une ronde et qui chantaient à voix claire. Monelle leva un peu la main, et dit :

— Chut !

Puis elle parla, doucement, avec ses petites paroles. Elle dit :