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Page:Schwob - Mœurs des diurnales, 1903.djvu/147

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quent la chose, ils vous préviennent amicalement de vous y prendre avec plus d’adresse quand vous « tirez deux moutures d’un même sac ».

L’art de démarquer, comme bien vous pensez, n’était pas chez les anciens au point de perfection où nous l’avons porté. Il ne faudrait pas le confondre avec ce que les poètes appellent le « plagiat ». Le plagiat consistait principalement à employer les inventions et les idées d’un confrère ou d’un prédécesseur. Voilà qui n’est point du tout votre fait. L’objet que vous devez considérer, c’est l’emprunt des phrases et des mots. C’est ce qu’on aurait remarqué bien vite parmi l’affreuse pénurie de papier imprimé qui régnait jadis ; et Sterne a été très vite trahi pour avoir copié le pensum plus ancien de Robert Burton dans Tristram Shandy. Aussi n’avait-il pas eu l’élémentaire précaution de changer un seul mot. La chose serai tmoins grave pour vous en notre temps, où il paraît tant de journaux qu’il faudrait jouer vraiment de malheur si on était surpris. C’est pourquoi je vous conseillerai une extrême prudence, quand vous changez les termes de l’article que vous empruntez. On n’a pas toujours le bonheur de ce confrère de talent, qui s’ap-