Page:Schwob - Mœurs des diurnales, 1903.djvu/58

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ainsi leurs ordures par vengeance, les noms qui y sont inscrits viennent joncher la terre avec une profusion si grande que les autres oiseaux y reconnaissent partout le même signe. D’où il suit (de même lorsqu’une femme enceinte est effrayée par la vue soudaine d’un porc son enfant naît avec un visage de porc)[1] que pendant plusieurs jours tous les oiseaux de l’île répandent des excréments marqués du même signe. Le seul moyen d’arrêter l’accès de férocité de ces animaux est de leur donner un sac d’or à dévorer : on parvient en ce cas à leur faire rendre des excréments blancs ou marqués même de signes contraires. Les Diurnales, sans raison apparente, disent alors « que l’oiseau a fait chanter sa victime ». Mais il faudrait être un second Varron pour découvrir l’origine de cette manière de parler : pour moi je l’ignore et ceux que j’ai interrogés l’ignoraient comme moi.

Tous ces oiseaux se haïssent mutuellement et leur jalousie s’exprime de la manière suivante. Chacun s’efforce de répandre plus d’excréments que tous les autres ; à cet effet, quand ils ne peuvent pas obtenir d’or par les moyens que j’ai dits, ils se

  1. Porcinum os.