Page:Schwob - Mœurs des diurnales, 1903.djvu/59

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tournent vers les Diurnales, le bec largement ouvert (inhiantes), afin de les supplier de les gaver de bruit. On les repaît alors de sons de trompe et de battements de tambour : mais les oracles qui en résultent sont très médiocres, au dire des connaisseurs. Quelquefois ces oiseaux se couvrent d’excréments l’un l’autre : mais ils réussissent très rarement à se « faire chanter», aucun d’eux n’ayant la force de garder une provision de l’or qu’ils se procurent et qu’ils engloutissent toujours immédiatement. Cependant certains Diurnales, ayant remarqué que la nature les a doués d’un jabot, savent les faire vomir artificiellement quand ils se sont trop gavés. On dit alors qu’on leur fait « rendre gorge » ; et, malgré le respect qu’on entretient pour ces oiseaux sacrés, parfois on est contraint de les emprisonner quand ils ont été trop voraces, afin de les faire vomir. Mais c’est un événement très rare : et, de plus, à ce moment, les oiseaux les plus hostiles vis-à-vis les uns des autres s’assemblent pour pousser des cris furieux. Et les Diurnales eux-mêmes redoutent beaucoup leur férocité.

L’excès de la haine que ces oiseaux éprouvent l’un pour l’autre les porte fréquemment à se livrer