Page:Scott - Oeuvres de Walter Scott, trad Defauconpret, 1836.djvu/369

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5) CHANT TROISIÈME. La croix de feu 6) _____

I.

Le Temps ne s’arrête jamais dans son vol rapide. La génération passée, qui berça notre enfance sur ses genoux et amusa notre crédule jeunesse par les antiques légendes et les merveilleux récits de ses aventures, est aujourd’hui

CHANT TROISIÈME. 369

effacée de la vie. Dépouillés de leurs forces, et semblables aux débris d’un naufrage, quelques vieillards encore attendent sur les bords de la sombre mer de l’éternité que le reflux de ses vagues les entraîne loin de notre vue. Le Temps ne s’arrête jamais dans son vol rapide.

Cependant il en est qui vivent encore et se rappellent cette époque où le son du cor d’un Chef des montagnes était un signal reconnu dans les campagnes et les forêts, sur les rochers arides, au fond des vallons et au milieu des bruyères du désert. Les dans fidèles venaient en foule se ranger autour de lui ; chaque famille déployait sa bannière, la cornemuse guerrière appelait aux armes, et la croix de feu circulait au loin comme un météore.

II.

Les doux reflets de l’aube matinale colorent de pourpre l’azur du loch Katrine ; la brise amoureuse de l’ouest caresse de ses ailes le sein paisible de l’onde, et glisse légèrement à travers le feuillage de la rive ; un doux frémissement agite à peine le lac, tel qu’une vierge qui dissimule en tremblant le plaisir qui l’émeut ; les ombres des monts n’étendent plus sur son cristal limpide qu’un voile douteux dont les mobiles et brillans réseaux ressemblent aux vagues espérances et aux désirs de l’imagination ; le nénuphar ouvr