Page:Scott - Oeuvres de Walter Scott, trad Defauconpret, 1836.djvu/370

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e le calice argenté de ses fleurs ; la biche se réveille et conduit son faon dans la plaine étincelante des perles de la rosée ; les vapeurs diaphanes abandonnent les flancs des montagnes ; le torrent précipite ses flots écumeux ; invisible dans son essor, l’alouette réjouit les airs de ses chants ; le merle et la grive tachetée saluent l’aurore dans les buissons touffus, et le ramier leur répond en roucoulant ses airs de mélancolie et d’amour.

III.

Nulle pensée de repos et de paix ne peut dissiper l’orage qui gronde dans le sein de Roderic ; armé de sa claymore, il parcourt d’un pas précipité le rivage de l’île ; il regarde

24.

370 LA DAME DU LAC.

le ciel et porte sa main impatiente sur la garde de son glaive. Cependant ses vassaux disposaient à la hâte, sous l’abri d’un rocher, la cérémonie qui allait se célébrer, et dont les apprêts étaient entremêlés de rites mystérieux et lugubres.

L’ancien usage voulait qu’avant de faire partir la croix de feu, on n’oubliât aucun des sombres préludes de cette solennité. La foule respectueuse reculait souvent avec effroi en rencontrant le regard courroucé de Roderic, semblable à celui de l’aigle des montagnes, quand ce tyran des airs fond des hauteurs du Ben-Venu, déploie ses noires ailes, étend son ombre redoutée sur le lac, et fait taire le peuple timide des oiseaux,

IV.

On voit s’élever un amas de branches flétries de genévrier et d’arbustes sauvages, mêlés aux débris d’un chêne récemment brisé par la foudre. Brian l’Ermite, les pieds nus, avec son froc et son capuchon, se tient debout près de ce bûcher. Sa barbe horrible et ses cheveux mêlés rendent plus sombre son visage où se peint le désespoir ; ses jambes et ses bras nus portent les hideuses cicatrices d’une pénitence fanatique. Le danger qui menaçait son clan avait tiré ce sauvage anachorète de la solitude où il vivait parmi les arides rochers du Benharow. Son aspect n’était point celui d’un prêtre chrétien, mais plutôt d’un druide impitoyable, sorti de la nuit des tombeaux, et capable de voir un sacrifice humain d’un œil serein. Il mêlait, disait-on, plusieurs mots profanes du paganisme aux prières que murmurait sa bouche. La sainte croyance qu’il professait ne donnait qu’un caractère plus imposant et plus terrible à ses malédictions.

Le simple villageois n’allait point implorer les prières de cet ermite, le pèlerin évitait sa grotte, et le chasseur, qui en reconnaissait