Page:Scribe - Théâtre, 5.djvu/296

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

DELMAR.

Ah ! il n’est pas de Paris ?

RONDON.

Non ; mais il vient s’y fixer ; un homme immensément riche, qui aime les arts, qui les cultive lui-même, et qui ne serait pas fâché d’avoir pour gendre un littérateur distingué et un bon enfant ; et je suis là.

DELMAR.

C’est cela, te voilà marié, et tu, ne feras plus rien.

Air de la Robe et les Bottes.

Prends-y bien garde, tu t’abuses !
Oui, tu compromets ton état ;
Quand on se voue au commerce des muses,
On doit rester fidèle au célibat.

RONDON.

Crois-tu l’hymen si funeste à l’étude ?

DELMAR.

L’hymen, mon cher, est funeste aux auteurs ;
À nous surtout nous qui, par habitude,
Avons toujours des collaborateurs.

Et voilà pourquoi je veux rester garçon.

RONDON.

Oui, et pour quelqu’autre raison encore. Il y a, de par le monde, une jolie petite dame de Melcourt.

DELMAR.

Y penses-tu ? la femme d’un académicien ! Un instant, monsieur, respect à nos chefs, aux vétérans de la littérature !

RONDON.

Oh ! je suis prêt à ôter mon chapeau ; mais il n’en est pas moins vrai qu’un mari académicien est ce qu’il