Page:Scribe - Théâtre, 5.djvu/297

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y a de plus commode ! d’abord, l’habitude qu’ils ont de fermer les yeux.

DELMAR.

Halte là, ou nous nous fâcherons. Madame de Melcourt est la sagesse même. Avant son mariage, c’était une amie de ma sœur ; et il n’y a entre nous que de la bonne amitié. Ingrat que tu es ! c’est à elle que nous devons nos succès ; c’est notre providence littéraire. Vive, aimable, spirituelle, répandue dans le grand monde, partout elle vante tous nos ouvrages. Divin ! délicieux ! admirable ! elle ne sort pas de là ; et il y a tant de gens qui n’ont jamais d’avis, et qui sont enchantés d’être l’écho d’une jolie femme ! Et aux premières représentations, il faut la voir aux loges d’avant-scènes. Elle rit à nos vaudevilles, elle pleure à nos opéras-comiques. Dernièrement encore, j’avais fait un mélodrame… qui est-ce qui ne fait pas de sottise ? j’avais fait un mélodrame à Feydeau ; elle a eu la présence d’esprit de s’évanouir au second acte, cela a donné l’exemple ; cela a gagné la première galerie ; toutes les dames ont eu des attaques de nerfs, et moi un succès fou. Si ce ne sont pas là des obligations !…

RONDON.

Allons ! allons ! tu as raison ; mais il faudra lui parler de notre pièce d’aujourd’hui, celle que je viens de lire, pour que d’avance elle l’annonce dans les bals et dans les sociétés ; cela fait louer des loges.

DELMAR.

À propos de cela, parlons donc de notre ouvrage, donne-moi des détails sur la lecture.