Page:Scudéry - Artamène ou le Grand Cyrus, première partie, 1654.djvu/109

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Feraulas, furent estranggement estonnez de la prison d’Artamene : & non seulement tous ces Princes & tous ces Capitaines ; mais encore tous les Habitans de Sinope, & toute l’Armée. D’abord que le bruit s’en espandit, tous ces Rois & tous ces Princes, furent à l’Apartement d’Artamene, dont on leur refusa l’entrée : & un moment apres, Ciaxare les envoyant tous querir, leur dit qu’il avoit esté obligé de faire arrester Artamene, pour le bien de ses affaires : qu’il leur ordonnoit d’empescher que leurs Soldats dont il sçavoit qu’il estoit aimé, ne se mutinassent : & qu’il y alloit du repos de son Estat, & de celuy de tous les Princes ses Alliez. Un discours si peu vray-semblable, ne fit nulle impression dans l’esprit de ceux ausquels il parloit : qui tous d’une voix le supplierent, de songer bien meurement à une chose si importante. Vous sçavez, Seigneur, dit le Roy de Phrigie, que nous n’avons pas tousjours esté de mesme party : c’est pourquoy vous devez adjouster plus de croyance à mes paroles : & croire qu’il est absolument impossible qu’Artamene vous ait trahi, puis que je n’en ay rien sçeu. Pour moy, adjousta le Roy d’Hircanie, je ne croiray jamais qu’il soit coupable d’une trahison : non pas mesme, adjousta Hidaspe, quand il la confesseroit. S’il ne faut que ma teste pour estre caution de son innocence, dit Aglatidas, je la mets aux pieds de vostre Majesté ; Et si cette innocence, repliqua le Prince des Cadusiens, a pour ses Accusateurs, la moitié de vostre Armée ; il ne faut que le bras d’Artamene pour les confondre, si on luy permet de la deffendre. Je démentirois mes yeux, adjousta le Prince de Licaonie, s’ils pouvoient tesmoigner contre luy : & je ne croy