Page:Scudéry - Artamène ou le Grand Cyrus, première partie, 1654.djvu/476

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

irrité, il ne se pourteroit pas à la derniere violence, contre le Fils d’un homme qui l’avoit si long temps & bien servy. Je fus donc encore quelques jours en ce lieu là : pendant lesquels j’escrivis trois fois à Amestris, pour obtenir d’elle la permission de luy aller dire adieu : mais quelques pressantes que fussent mes prieres & mes raisons, je pense qu’elle ne seroit pas laissée persuader, si je n’eusse employé aupres d’elle, l’adresse d’une parente que j’ay, qui est fort de ses Amies : & à laquelle j’escrivis aussi pour cela.

Enfin Seigneur, j’obtins donc la liberté de me rendre un soir dans ces superbes Jardins, qui sont à cent pas d’Ecbatane du costé du Midy : & de qui la vaste estenduë, fait que l’on les peut plustost nommer un grand Parc que de grands Jardins. C’est en cét endroit, que ceux qui ne cherchent pas le tumulte se vont promener : estant certain qu’il y en a beaucoup moins que dans les Jardins du Palais du Roy, ou au bord de l’Oronte. Je ne sçay Seigneur, s’il vous souvient qu’en ce lieu là, il y a un grand Parterre rustique, dont les compartimens ne font que de gazon : au milieu duquel est une belle Fontaine, de qui le bassin est semé d’un sable argenté ; & de qui les bords sont ornez d’une mousse verte, qui par son espaisseur & par sa fraischeur, offre un lict fort agreable à ceux qui s’y veulent reposer. Or Seigneur, ce grand Parterre est environné d’un Bois taillis fort espais : entrecoupé de petits sentiers ondoyans qui y conduisent : & qui par cent tours & retours, rendent l’abord de ce lieu-là, un peu long & difficile : aussi est-il beaucoup moins frequenté que tous les autres, quoy que ce ne soit pas le moins agreable : mais comme les autres Parterres sont plus proches