Page:Scudéry - Artamène ou le Grand Cyrus, première partie, 1654.djvu/48

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toute la Ville en confusion ; par tout autre lieu que par celuy-là, nous pourrions trouver de la resistance : la coustume estant mesme en de semblables rencontres, de redoubler la Garde, de peur que l’incendie ne soit un artifice des ennemis, où au contraire nous sommes assurez de n’en trouver aucune par cét endroit : car si Artucas & les siens n’ont pas encore esté devorez par les flames, nous les trouverons prests à nous aider : & s’ils ont peri, aparemment nous ne trouverons là personne qui s’oppose à nostre passage. Cét aduis ayant esté trouvé raisonnable, ils resolurent apres, par quel lieu ils pourroient le plus commodément gagner le pied de la Tour : mais Aglatidas leur fit remarquer, que l’embrazement commençoit de diminuer du costé du Port ; parce que des Galeres & des Vaisseaux estans plustost consumez que des maisons, il faloit sans doute que le feu s’y esteignist plus tost qu’ailleurs ; & qu’ainsi il faloit prendre tout le long du Port ; afin de n’avoir presque plus à se garantir que d’un costé, & que par ce moyen, ils pourroient arriver avec assez de facilité au pied de la Tour. Artamene qui souhaittoit impatiemment d’y estre, ne voulut contredire à rien, de peur de les arrester davantage ; & se mit à marcher le premier ; commandant seulement aux siens, de crier par toute la Ville, qu’ils ne venoient que pour sauver la Princesse : afin que ce peuple entendant un Nom qui luy estoit si cher & si precieux, peust faire moins de resistance ; & mettre moins d’obstacle à leur dessein. Ils marcherent donc ; & Feraulas conduisant Artamene, (qui avoit mis pied à terre, aussi bien que tous ses Capitaines) à la porte du Temple de Mars ; ils y trouverent celuy qu’ils cherchoient : qui desesperé qu’il estoit,