Page:Scudéry - Artamène ou le Grand Cyrus, troisième partie, 1654.djvu/33

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que Cyrus regneroit, ils ont entendu que ce ſeroit par de juſtes voyes. Ils ont annoncé ſa naiſſance, comme celle du plus grand Conquerant du monde : de qui l’illuſtre main a planté des Lauriers ſur tous les fleuves de l’Aſie : comme celle d’un Prince qui eſt l’amour de toutes les Nations : qui ſurmonte tout ou par la force, ou par la douceur : Mais qui au milieu de tant de Victoires & de tant de Conqueſtes, eſt Maiſtre de ſon ambition : & ſoumet à vos pieds tous ſes Triomphes, & toute ſa gloire. De ſorte Seigneur, que pour accomplir la volonté des Dieux, il faudra que Cyrus regne par voſtre moyen : & je ne sçache nulle autre explication à donner a tous ces prodiges, ſinon que vous ferez un jour regner Cyrus, en luy donnant la Princeſſe Mandane, qui eſt voſtre unique heritiere. Je voy bien que mon diſcours vous irrite, au lieu de vous appaiſer : cependant je ſuis obligé de vous dire de la part des Dieux que je ſers, & que j’ay conſultez par des Sacrifices extraordinaires, depuis la priſon de ce Prince ; que ſi vous le faites mourir, vous renverſerez voſtre Empire ; vous rendrez tous vos Sujets eſclaves de vos ennemis ; & peut-eſtre meſme que…..

Comme Thiamis alloit continuer ſon diſcours & que Ciaxare irrité de la hardieſſe de ſes paroles l’alloit interrompre : l’on entendit un grand redoublement de cris, dans une grande Place qui eſtoit devant la porte du Chaſteau. Ariobante & Megabiſe furent à un Balcon qui y reſpondoit, & virent que c’eſtoit une multitude eſtrange de Peuple &