Page:Scudéry - Artamène ou le Grand Cyrus, troisième partie, 1654.djvu/41

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moy gardions s’eſt échapé : mais s’il m’eſt permis de le dire, Voſtre Majeſté ne doit pas eſtre en peine : car il eſt trop genereux pour luy vouloir nuire : & c’eſt la fuitte du meſchant Metrobate, adjouſta t’il, qui vous doit beaucoup plus inquieter. Le Roy eſtoit ſi ſurpris & ſi troublé, & de ce qu’il voyoit, & de ce qu’il n’euſt peut eſtre pas eu l’eſprit aſſez libre pour s’informer de ce que cét homme luy vouloit dire : ſi Thiamis & Ariobante qui s’eſtoient raprochez de ce Prince, ne luy en euſſent donné la curioſité. Mais enfin ayant preſſé ce Soldat de parler, il dit au Roy en peu de mots, comment il avoit entendu la propoſition que Metrobate avoit faite à Cyrus de le ſauver, pourveû qu’il luy donnaſt le Gouvernement de Pterie, & qu’il vouluſt faire mourir Ciaxare. Thiamis & Ariobante ne perdirent pas une ſi favorable occaſion : & exagererent comme il faloit, une ſi horrible méchanceté. Le Roy en doutoit pourtant encore : lors que ce Soldat continuant ſon diſcours, Seigneur, adjouſta t’il, pour vous prouver en quel que façon ce que je dis ; je n’ay qu’à vous aprendre que Metrobate n’a pas pluſtost sçeu la fuitte de Cyrus, qu’au lieu de vous en advertir, il n’a plus ſongé qu’à la ſienne. Et comme les Eſchelles eſtoient encore à la feneſtre par laquelle on a delivré Cyrus, il s’eſt ſervy de cette voye pour ſortir du Chaſteau : ayant emmené avec luy une partie de mes Compagnons. Pour moy, dit il encore, je ſerois venu vous advertir au meſme inſtant, de ce que j’avois entendu, ſi j’en euſſe eu le pouvoir : mais eſtant engagé dans l’Antichambre de Cyrus, lors que Metrobate y eſt venu, je n’en ay pû ſortir juſques à ce que par ſa fuitte il n’y a plus eu d’obſtacle qui m’en