Page:Sedaine - Théâtre.djvu/306

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Vous êtes à l’instant en compagnie : mais un mot, un seul mot.

M. Vanderk père.

Et moi, monsieur, je suis fâché de ne vous avoir pas donné une heure plus prompte. On vous a peut-être fait attendre. J’avais dit à quatre heures, et il est trois heures seize minutes. Monsieur, asseyez-vous.

M. d’Esparville père.

Non, parlons debout, j’aurai bientôt dit. Monsieur, je crois que le diable est après moi. J’ai depuis quelque temps besoin d’argent, et encore plus depuis hier, pour la circonstance la plus pressante, et que je ne peux pas dire. J’ai une lettre de change, bonne, excellente : c’est, comme disent vos marchands, c’est de l’or en barre ; mais elle sera payée quand ? je n’en sais rien : ils ont des usages, des usances, des termes que je ne comprends pas. J’ai été chez plusieurs de vos confrères, des juifs, des arabes, pardonnez-moi le terme ; oui, des arabes. Ils m’ont demandé des remises considérables, parce qu’ils voient que j’en ai besoin. D’autres m’ont refusé tout net. Mais que je ne vous retarde point. Pouvez-vous m’avancer le payement de ma lettre de change, ou ne le pouvez-vous pas ?

M. Vanderk père.

Puis-je la voir ?

M. d’Esparville père.

La voilà… (Pendant que M. Vanderk lit.) Je payerai tout ce qu’il faudra. Je sais qu’il y a des droits. Faut-il le quart ? faut-il… J’ai besoin d’argent.

M. Vanderk père, sonne.

Monsieur, je vais vous la faire payer.

M. d’Esparville père.

À l’instant ?

M. Vanderk père.

Oui, monsieur.