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Scène XIX.

LA MARQUISE, M. DÉTIEULETTE, GOTTE, LAFLEUR.
LA MARQUISE, lance un regard sévère sur Lafleur et sur Gotte.

Oui, monsieur, notre sexe trouvera toujours aisément le moyen de gouverner le vôtre. L’autorité que nous prenons marche par une route si fleurie, la pente est si insensible, notre constance dans le même projet a l’air si simple et si naturel, notre patience a si peu d’humeur, que l’empire est pris avant que vous vous en doutiez.

M. DÉTIEULETTE.

Que je m’en doutasse ou non, j’aimerais, madame, à vous le céder.

LA MARQUISE.

Je reçois cela comme un compliment ; mais faites une réflexion. Dès l’enfance on nous ferme la bouche, on nous impose silence jusqu’à notre établissement ; cela tourne au profit de nos yeux et de nos oreilles. Notre coup d’œil en devient plus fin, notre attention plus soutenue, nos réflexions plus délicates ; et la modestie avec laquelle nous nous énonçons donne presque toujours aux hommes une confiance dont nous profiterions aisément si nous nous abaissions jusqu’à les tromper.

M. DÉTIEULETTE.

Ah ! madame, que n’ai-je ici pour second le colonel d’un régiment dans lequel j’ai servi, le marquis de Clainville.

LA MARQUISE.

Le marquis de Clainville ! vous connaissez le marquis de Clainville ?