Page:Sedaine - Théâtre.djvu/363

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
LA MARQUISE.

Sa femme ?…

M. DÉTIEULETTE.

Avait la tête un peu…

LA MARQUISE.

Un peu ?

M. DÉTIEULETTE.

Oui, qu’elle avait une maladie… d’esprit… des absences… jusqu’à ne pas se ressouvenir des choses les plus simples, jusqu’à oublier son nom.

LA MARQUISE.

Pure calomnie ! (Gotte, pendant ces couplets, rit, et enfin éclate. La marquise se retourne, et dit à Gotte :) Qu’est-ce que c’est donc ?

GOTTE.

Madame, j’ai un mal de dents affreux.

LA MARQUISE.

Allez plus loin, nous n’avons pas besoin de vos gémissements. (À M. Détieulrtte.) Enfin, que vous disait monsieur de Clainville sur le chapitre des femmes ?

M. DÉTIEULETTE.

Ce qu’il disait était fort simple, et avait l’air assez réfléchi. Les femmes, disait monsieur de Clainville vous m’y forcez, madame ; je n’oserais jamais…

LA MARQUISE.

Dites, monsieur.

M. DÉTIEULETTE.

Les femmes, disait-il, n’ont d’empire que sur les âmes faibles ; leur prudence n’est que de la finesse, leur raison n’est souvent que du raisonnement ; habiles à saisir la superficie, le jugement en elles est sans profondeur aussi n’ont-elles que le sang-froid de l’instant, la présence d’esprit de la minute, et cet esprit est