Page:Segalen - René Leys.djvu/198

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8 octobre 1911. — Il a repris tout son courage et tout son entrain. Il a tout oublié : du pessimisme profond de sa dernière chevauchée (car il ne parle plus que femmes et fleurs et poésies adressées et reçues) et du beau temps d’automne à Pei-king, et de la nouvelle amitié que lui témoigne le Régent depuis l’acceptation de la Concubine !

Voilà qui le justifie de toutes les accusations Jarignoux du monde : ce jeune homme trop sage possède, en ce moment où j’écris, deux femmes officielles dans les bras ! Et quelles deux femmes ! L’une, expérimentée et de bonne tradition dynastique. L’autre, à peine innovée, toute prête à de nouvelles introductions protocolaires et traditionnelles… — C’est pourtant moi qui dois le ramener au sentiment de la juste convenance, lui reparler de ses devoirs professionnels, de ses craintes, de son testament d’il y a huit jours, de ses entreprises, de ses puits.

Il répond, avec un mystère que je sens déjà percé à jour, au grand jour.

— Oh ! ce n’est plus à Ts’ien-men-waï : les voilà maintenant dans le Palais.

C’est en effet beaucoup plus sérieux. Il ajoute :