Page:Segalen - René Leys.djvu/199

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— Vous ne vous êtes jamais demandé pourquoi Pei-king se nommait Pei-king ?

— Jamais.

— Pei-king, « capitale du Nord » ! Ça n’est pas le nom officiel. La préfecture « administrative » s’appelle toujours sur les papiers : Chouen-tö fou.

— C’est exact.

— Quand les gens des Provinces parlent de se rendre à « Pei-king », qu’est-ce qu’ils disent ?

— C’est vrai. Ils disent seulement qu’ils vont à la Capitale. Ils n’ajoutent jamais qu’il s’agit de la « Capitale du Nord ».

— Alors, d’où vient le nom de Pei-king ? Où est-il écrit ?

— Je n’en sais rien. Pour la première fois, depuis plus d’une année, je me demande si le nom de la ville que j’habite plus et mieux que nul de ses habitants, que j’essaie de posséder, de dominer autant et plus que l’Empereur lui-même, si cette ville et son nom détiennent une existence solide, foncière, autre que légendaire et historique !

Il me rassure :

— Les deux caractères « Pei-king » sont inscrits, quelque part, dans la Ville.

— Où donc ?

— Dans la Ville « Intérieure », sous la route qui mène du Péi-t’ang au Péi-t’a…

— Oh ! j’y suis passé…

— Très souvent. Mais la première fois avec moi