Page:Segalen - René Leys.djvu/239

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confidence, et l’enfermé de la maison d’hiver. Il ne sort pas. Il ne va pas au Palais. Je lui laisse entendre que sa présence ici, près de moi, me rassure. Il n’a rien à craindre en effet, malgré ses aventures policières, « sous les plis du drapeau d’étranger » battant à ma porte ; laquelle, ainsi que du sang de l’agneau protégeant du massacre, est marquée d’un vieux lampion tricolore ! Mais Elle ! Que lui a-t-elle dit, à sa dernière audience ? Depuis quand ne l’a-t-il pas revue ?

Il revient du songe familier, s’étire, et ne répond rien. Puis, brusquement :

— Et si… Elle venait vous demander asile cette nuit ?

Oh ! mais, voilà qui est bien. C’est si direct que je suis tenté de le prendre au mot. Qu’elle vienne… cette nuit… ce soir… maintenant… tout de suite. Viendra-t-elle seule ? Et le Régent, pourquoi pas ? Et… le petit Empereur ? Une maison européenne en quartier chinois est plus diplomatiquement discrète que le refuge en l’une des dix Légations Étrangères parmi lesquelles il faut officiellement choisir…

— Donc, nous L’attendons, ce soir ?

Il dit avec la même simplicité :

— Je venais m’assurer que tout était prêt pour La recevoir.

La recevoir ! Si vite… À la chinoise, « ma maison est bien peu grande, mais elle y sera la très bienvenue… » Enfin l’on va s’arranger. Mon premier boy