Page:Segur - La Fortune de Gaspard.djvu/203

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M. Féréor.

Je le dirai au notaire. Ce que tu fais là est généreux ; c’est plus qu’honnête. Je repars dans deux heures ; sois prêt.

Gaspard.

À qui faudra-t-il laisser la surveillance de mes ateliers, monsieur ?

M. Féréor.

À Soivrier ; il n’y a que lui d’à peu près sûr dans tout mon monde.

M. Féréor congédia Gaspard d’un signe de la main.

Il resta quelques instants immobile et pensif.

« Est-ce qu’il m’aimerait, par hasard ? se demandait-il. C’est impossible ! Personne ne m’a jamais aimé, et je n’ai jamais aimé personne. C’est singulier, tout de même ! Il y a six ans que je l’ai, et… et… je ne me sens pas le même pour lui que pour les autres… Si j’avais un fils comme lui !… Un fils !… Enfin ! je verrai plus tard à me l’attacher, de manière que sa fortune dépende de moi seul…, et que mes intérêts soient les siens. »

Il réfléchit longtemps, se leva et sortit.

Vignette de Bertall
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