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Page:Segur - La Fortune de Gaspard.djvu/270

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Michel.

Beau plaisir de causer avec ce vieux sournois ! On ne le voit jamais sourire. Pauvre Gaspard ! Dites donc, père Thomas, vous ne lui avez pas fait une belle vie, tout de même !

Thomas.

Ah ! c’est bien lui qui se l’est faite soi-même. Il l’a voulue, il l’a. Et, puisque ça lui plaît, personne n’a rien à y voir.

Michel.

C’est juste ! Tiens, qu’est-ce qu’ils font donc ?

On entendit une musique à effet qui précédait tous les contre-maîtres, marchant deux à deux. Arrivés devant MM. Féréor père et fils, ils leur présentèrent deux coupes en vermeil artistement travaillées, qui portaient les inscriptions d’usage : À notre maître vénéré, la gloire de l’industrie, ses ouvriers reconnaissants ! À notre jeune maître, l’espoir de l’industrie.

André lut, au nom des contre-maîtres et des ouvriers, un petit discours bien fait et bien dit. M. Féréor accepta les coupes, remit à Gaspard celle qui lui était destinée, et dit :

« Mes amis, je suis très sensible à votre hommage, et je l’accepte pour moi et pour mon fils. À l’avenir, vous lui obéirez comme à moi-même ; il est digne de vous commander. Nous allons nous rendre à la salle du banquet, et notre premier toast sera pour nos bons et laborieux ouvriers. Le vôtre sera pour mon fils et pour moi, qui res-