Page:Segur - Les Deux Nigauds.djvu/198

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

dant quelques instants. Paul lui apporta un livre amusant, Jacques lui donna une douzaine de billes, Louis lui glissa en cachette deux croquets et une tablette de chocolat, qu’il mangea avec délices ; l’infirmière ne s’en aperçut qu’à la dernière bouchée : il n’y avait plus rien, à confisquer ; elle gronda, menaça de se plaindre. Innocent se fâcha, se plaignit de mourir de faim. Ce fut la seule distraction réelle de la journée. Le second jour, qui était dimanche, il allait si bien qu’on lui permit de quitter l’infirmerie et de sortir si on venait le chercher. Mais, hélas ! personne ne vint ! Les élèves étaient tous partis, excepté la grande classe, condamnée à la retenue, et Innocent restait là : ni sa tante, ni sa sœur, ni Prudence n’avaient pensé à lui.