Page:Segur - Les Deux Nigauds.djvu/208

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plus à sa teinture si récente. Le maître, qui pensait à l’honneur de sa maison, restait sombre et mécontent ; il dit à Prudence et à Simplicie de ne pas s’alarmer du tour qu’on avait joué à Innocent, qu’il punirait sévèrement les coupables afin que chose pareille ne recommençât pas. Simplicie balbutia quelques paroles de remerciement, Prudence fit révérence sur révérence, Coz salua trois fois, et ils partirent avec Innocent.

Le maître entra dans la cour, il fit mettre en rang la grande classe, et demanda le nom des nouveaux coupables. Le silence fut la seule réponse de la classe.

« Les coupables ne peuvent pas rester impunis, messieurs, dit le maître ; toute la classe est consignée jusqu’à ce qu’ils se soient déclarés ; pas de récréations, pas de promenades. »

Le maître se retira. Les élèves se regardèrent avec, anxiété, et tous entourèrent Grégoire et Honoré, les deux meneurs.

« Allez-vous nous laisser trimer jusqu’aux vacances, dites-donc ? C’est joliment aimable ce que vous faites là ! Nous allons tous être enfermés parce qu’il vous plaît de vous faire rosser et de vous venger sur ce grand dadais de Gargilier. Ce garçon est un porte-malheur. Il nous a donné plus d’ennuis depuis huit jours qu’il est ici que nous n’en avions eu dans toute l’année.