Page:Segur - Lettres de la comtesse de Segur.djvu/20

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quelque chose de très joli en y mettant une partie des meubles que tu ne sais où placer. Tu arrangerais tout cela pendant les huit jours que tu passeras à Paris avec Olga. Pour n’avoir d’obligation à personne, tu payerais à ton beau-père un loyer… pour l’année ; je te garantis qu’il trouvera l’arrangement charmant, d’autant que tu es en grande faveur ainsi qu’Olga et qu’il sera enchanté de vous avoir. Sabine ira avec bonheur occuper chez Henriette une chambre qui était jadis occupée par Sabinette et sa nourrice, et qui est presque à côté de la sienne. Sabine sera enchantée, Henriette sera enchantée, Armand sera enchanté, les enfants seront ravis.

Ai-je besoin de te dire, mon cher et bon Émile, quel bonheur tu me donneras en venant sous mon toit, en y remettant ma chère Olga, en me mettant à même d’être près d’elle pendant ses couches, sans fatigue pour moi-même, avec toute la sécurité d’une présence continuelle ? Ai-je besoin de te dire combien je serai reconnaissante de tous les sacrifices que tu feras en acceptant cet humble asile ? Ne seras-tu pas libre d’ailleurs de me quitter, le jour où tu te sentiras trop gêné par cette communauté de ménage, et ne peux-tu pas trouver en janvier un appartement convenable dans lequel tu déménageras tout tranquillement et quand tu voudras ? Serais-tu beaucoup mieux en appartement meublé et provisoire ? Et ne trouves-tu pas odieux de rester deux ou trois mois encore dans l’incertitude irritante de cette chose si indispensable, un logement ?

Tu ne seras nullement condamné à manger toujours