Page:Segur - Lettres de la comtesse de Segur.djvu/204

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habile cuisinier, propre, honnête, excellent enfin, comme ils le sont tous et toutes quand on les prend…. Catherine va tous les matins pleurnicher dans la maison et se plaindre de mon injustice et de ma dureté ; elle en a encore pour quatre jours ; il paraît qu’elle a déjà une place ; ses nombreux amis, cuisiniers et marmitons, lui en ont trouvé une. Adieu, ma chère petite.



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À LA VICOMTESSE ÉMILE DE PITRAY


Paris, 17 juillet 1863.


Chère enfant, je sais qu’Émile a reçu ce matin une lettre qui lui annonce la douloureuse nouvelle que j’ai apprise en arrivant à Paris. C’est hier matin, jeudi, que ton pauvre père a cessé d’exister ; sa mort a été parfaitement chrétienne et douce ; la paralysie a gagné le poumon graduellement et il s’est éteint sans avoir l’air de souffrir. Il a reconnu tout le monde jusqu’à la fin[1]… Gaston est arrivé àMéry à neuf heures du soir, presque douze heures après la mort de ton père. Anatole est arrivé avec Edgar, une heure seulement auparavant, ton oncle ayant écrit trop tard. Anatole a trouvé, à la gare d’Enghien, Edgar ne sachant rien et prenant ses billets pour partir pour Dieppe ; ils ont tous été

  1. Mon père, se trouvant au château du Méry, chez mon oncle à Lamoignon, avait été frappé d’apoplexie, le mardi 15 juillet, et il mourut le lendemain a cinq heures. Ma mère, prévenue par dépêche, arriva trop tard,