Page:Segur - Lettres de la comtesse de Segur.djvu/205

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

à Méry. Ce qui a trompé ton oncle, c’est que le soir, après la première attaque, ton père s’est trouvé bien mieux ; il a pris deux tasses de bouillon avec du pain ; il a fallu l’empêcher de manger de la viande ; le médecin croyait que c’était passager et qu’il pourrait même partir pour Néris ; il a causé, ri et plaisanté avec les enfans d’Aguesseau ; c’est la nuit, à deux heures, qu’une seconde attaque lui a paralysé la gorge et la langue; il n’a plus parlé qu’avec une difficulté extrême et ensuite n’a plus avalé ; la paralysie a gagné le larynx et les poumons et il s’est éteint doucement, sans souffrir, peu d’heures après. C’est demain, à huit heures et demie, que se fait l’enterrement; il a demandé à être enterré à Méry. Nous repartirons tous après l’enterrement, vers une heure. Paul et Nathalie arrivent ce soir, ayant eu la ressource du télégraphe pour apprendre la maladie et la triste fin… La mort de ton pauvre père a été bien chrétienne, bien résignée ; il a reçu tous les sacremens avec beaucoup de piété ; et le bon Dieu lui a épargné ce qu’il redoutait tant, une impotence et une paralysie complètes, pendant des mois et des années.

Adieu, ma chère petite chérie, embrasse bien les enfans et dis-leur de prier pour leur grand-père, surtout Jeanne, sa petite favorite. Le pauvre Wol-demar est en voyage ; il ne sait rien. Adieu, mon enfant, je t’embrasse tendrement avec Émile et les chers petits.



――――