Page:Segur - Lettres de la comtesse de Segur.djvu/217

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frères qui désirent que je continue à réunir mes enfans dans l’intérêt de l’union de la famille, pour les deux générations vivantes. C’est pourquoi, une fois par semaine, je donnerai à dîner à tous les membres de notre famille, petits et grands. Je considère cette réunion comme un devoir maternel, et ce serait mal débuter que l’éviter une année entière. Secondement, j’irai passer quinze jours chez toi, parce que tu es souffrante, tu es triste, et qu’ayant donné un mois et plus à Henriette, je puis bien te donner quinze jours ; je t’ai quittée trois semaines après ton malheur[1] ; il s’y joint les souffrances et les tristesses d’une grossesse. . ; j’ai donc tout naturellement le désir de te revoir quelques jours et je n’aurais pas la conscience tranquille si j’acceptais le sacrifice généreux que tu fais de ma visite à Livet. Si je vois mes finances en mauvais état, je quitterai Paris dès le 2 ou le 3 avril et nous redeviendrons voisines. Henriette et Armand ont été fort touchés de ton abnégation; et moi, chère petite, j’en ai été heureuse et attendrie. La dépense du voyage est presque nulle, parce que j’irai te rejoindre par Séez et que, rendue à Paris, en prenant cette route, ce sera peu de chose de plus qu’en m’y rendant directement par Rennes. Il n’y aura de pénible que ma scélérate de patache de Laigle, mais quatre heures sont bien vite passées… Je vais très bien ; le temps s’est remis au beau et, malgré le loup et la louve cantonnés à cent pas du château, nous faisons tous les

  1. La mort de ma petite Marguerite.