Page:Segur - Lettres de la comtesse de Segur.djvu/23

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soulagent la femme Duval. À propos de Duval, branche aînée, je renvoie sous peu l’héritier de cette branche ; en l’absence de Bouland[1], il m’a éreinté ma tiqueuse[2], en la chargeant pour quatre, et il l’a menée à la mare pour la faire boire ruisselante de sueur. Je te fais grâce des détails. Le résultat a été un second et dernier avertissement, il va cesser de paraître.

J’annonce à Émile que mon essai de regain a fait un fiasco complet ; on s’occupe à en disperser les débris fumants ; ce n’est plus du foin, ce n’est pas du fumier, c’est un amas de pourriture que je vais laisser s’achever afin de le mettre sous les couches du potager. Pour arrêter les plaisanteries d’Émile et même les tiennes, petite moqueuse, je te dirai que je suis très contente d’avoir fait cette expérience (qui me trotte par la tête depuis trente-cinq ans) en un temps où de toutes manières je devais perdre ma seconde coupe de foin ; le brouillard, la pluie auraient également tout perdu après des frais et des ennuis de fanage ; quant au fauchage, il devait s’effectuer de toutes manières pour le bien du pré.

Tu as beau temps pour tes courses à Paris ; il fait doux, calme et couvert. J’occupe Sabine, qui a les yeux fatigués aujourd’hui, à arranger ou plutôt déranger la chapelle ; elle ira ensuite faire une inspection de malades, pendant laquelle je continuerai ma correspondance et mes compositions nigaudes.

  1. Le garde des Nouettes.
  2. La jument de ma mère était atteinte du tic, maladie particulière aux chevaux.