Page:Segur - Lettres de la comtesse de Segur.djvu/236

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

destinataire. Si le manuscrit est perdu, on te rembourse… Il faut affranchir et la valeur est assurée. Tu gardes le reçu de la poste bien soigneusement pour réclamer en cas de perte. Je suis fâchée de n’avoir pas pu le lire avant de le livrer à Hachette : pour un premier ouvrage surtout, une revue et une censure sont bien nécessaires. C’est le premier qui établit la réputation.



――――


À LA VICOMTESSE ÉMILE DE PITRAY


Paris, 25 avril 1865.


Chère petite, je t’écris un seul petit mot pour t’annoncer toujours mon arrivée pour demain mardi. Je dîne à Laigle comme d’habitude. Je tousse toujours pas mal et je compte sur les Nouettes pour me guérir. J’ai pu lire hier quatre-vingts pages de ton manuscrit ; c’est fort joli, gai et en train; mais il y a beaucoup de mots à adoucir ; les épithètes demandent généralement à être modérées… Du reste, c’est très bien et je suis sûre que ce volume amusera beaucoup les enfans ; mais il faut que je le remporte aux Nouettes pour le lire jusqu’au bout et faire la table des matières que tu as oubliée. La dédicace a subi une rude métamorphose; personne ne doutera que tu m’as fait lire ton livre avant de le publier ; les éloges excessifs que tu me donnes ne peuvent pas rester. Le calme, même dans une plume filiale, est toujours plus persuasif et plus insinuant que l’éloge passionné. Gaston va bien ; je te raconterai son pèlerinage.