Page:Segur - Lettres de la comtesse de Segur.djvu/239

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AU VICOMTE ÉMILE DE PITRAY[1]


Paris, 8 avril 1866.


Merci, mon bon Émile, de ta lettre ; c’est une denrée rare[2] mais précieuse. Je te remercie des détails intéressans qu’elle contient et je suis enchantée de vous voir à flot ; rien n’est plus pénible et plus attristant que la préoccupation constante de finances embarrassées. On a beau faire des efforts de privations de toute sorte, on reste toujours dans ce gouffre du déficit. Que doit-ce être pour les malheureux qui se trouvent en présence de la famine et du froid et qui s’épuisent en vains efforts pour apaiser les souffrances de leur famille ?…

Je pars demain ; je compte sur vous tous pour après-demain déjeuner. Je ne suis pas du tout gênée, cher ami, pour te payer ma dette ; j’étais au contraire à flot comme toi. — Pardonne-moi si je n’allonge pas ma lettre pour la rendre digne de la tienne, mais je viens d’être interrompue… il est midi… Je t’embrasse donc ainsi qu’Olga, et les chers petits, et je plie bagage.



――――


À LA VICOMTESSE ÉMILE DE PITRAY


Kermadio, 12 mai 1866.


Voici une lettre que je reçois de Mme de …; quand j’ai quitté Paris, le 9 avril, elle s’attendait déjà

  1. WS : au vicomte et non à la vicontesse
  2. Mon mari n’aimait pas écrire.