Page:Segur - Lettres de la comtesse de Segur.djvu/25

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Nous avons trouvé chez Nathalie un dîner excellent, auquel Woldemar seul a fait honneur ; je me suis couchée après avoir fait la visite de la maison, qui est charmante ; outre l’élégance remarquable, la beauté des marbres et des tableaux, il y a le confortable, qui est merveilleux ; à chaque étage (il y en a quatre) on trouve des cabinets comme nous n’en avons pas, une baignoire avec robinets donnant toujours de l’eau chaude et froide fournie par la ville. Partout abondance d’armoires, de commodes, de bains de pied, bains de siège, bassins, machines à eau, grilles de cheminées, vaisselle de toute espèce ; tapis partout, peaux de moutons dans tous les cabinets, même ceux des gens. Et tout cela pour 625 francs par mois. Si tu avais tout cela ! Nathalie et Paul m’ont reçue avec enthousiasme et affection ; les petites avec folie. Nathalie va très bien, sauf le manque de sommeil, mais elle a bonne mine. On m’a beaucoup questionnée sur toi et sur Émile….

Je t’apporterai tout ce que tu voudras, le courrier se charge de tout ; je commencerai à expédier dès la semaine prochaine. Je vais sortir avec Nathalie et les petites. Camille va monter à cheval avec Paul. Elles sont gentilles à croquer. Londres m’a semblé magnifique, malgré mon mal de cœur qui dure encore et qui m’empêche de manger. On ne m’attrapera plus à passer cette affreuse Manche, que le voisinage inhospitalier de l’Angleterre rend horrible aux voyageurs. Je vais écrire un mot à Gaston. Adieu, ma chère et bien-aimée Minette ; je t’embrasse mille fois, ainsi que mon cher Émile, auquel j’ai pensé bien souvent pendant et depuis ma traversée ; s’il a