Page:Segur - Lettres de la comtesse de Segur.djvu/27

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et superbe comme largeur et propreté des rues, largeur et beauté des trottoirs ; horriblement éclairé ; des rues entières sans éclairage. Nous avions été là à une réunion de magasins de sacs et nécessaires et j’ai dû renoncer au tien ; pour en avoir un laid et incomplet, il faut y mettre 120 francs ; et un bien confectionné de 220 à 250 francs ; c’est, hélas ! au-dessus de mes moyens. Je te rapporterai donc quelque autre chose plus utile et fort agréable sans oublier l’élégance.

J’ai acheté à Jacques[1] un gentil petit hochet en paille des Indes (soi-disant), la forme en est charmante. Je tâcherai d’aller avec Nathalie dans un Baby-house où je trouverai quelque chose de joli pour ce petit chéri. Sois tranquille ; je ne dépasserai pas la somme que j’ai emportée. Mon voyage, mes présens, l’argent à donner aux domestiques absorbent tout, sauf un manteau que je me suis accordé pour remplacer mon vétéran à carreaux rouges, une robe de laine noire et deux jupons de flanelle. Je t’apporterai quelques yards[2] de flanelle pour Jacques ; elle est très belle ici et moins chère qu’à Paris. Mais en somme tout est très cher. T’ai-je dit que j’allais très bien, que ces affreux brouillards non humides, puisque les trottoirs restent secs, ne me font aucun mal. Paul et Nathalie sont pour moi pleins de soins affectueux. Nathalie est radieuse de m’avoir. Elle ne voit personne, du reste ; Londres est désert ; les brouillards font fuir tout le monde. Les petites continuent à parler beaucoup et souvent

  1. Mon fils aîné, encore à naître.
  2. Mesure anglaise.