Page:Segur - Lettres de la comtesse de Segur.djvu/299

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ramené près de trois cents députés, mais ce n’est pas encore la majorité, et il la faut, et bien résolue, pour s’affranchir du pouvoir de cet homme haineux, dangereux et qui ne reculerait devant aucun moyen pour conserver sa dictature. J’ai vu qu’on vous avait débarrassés de votre préfet (qui est allé sans doute, lesté de la caisse du département, grossir le nombre des insurgés de Belleville). On nous a conservé Je nôtre, qui est un rouge fidèle et qui ne se contient encore que par la crainte d’être fusillé par le peuple, comme on le lui a signifié le lendemain de son arrivée.

Les pauvres d’A… sont désolés ; ils viennent de perdre leur dernière petite fille, âgée de deux ans et demi. A… surtout est dans une désolation qui fait pitié ; ils aimaient particulièrement cette petite Jeanne qui était charmante ; elle est morte d’une fièvre muqueuse thyphoïque, mal soignée ; sa maladie a duré quarante-cinq jours, et l’agonie a été affreuse.

Adieu, chère enfant..



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À LA VICOMTESSE ÉMILE DE PITRAY


Kermadio, 27 mars 1871.


Mon cher Émile, c’est avec crainte que je t’adresse une pétition dont le rejet me serait bien pénible. Je ne peux pas aller à Livet avant le mois d’août… Je suis donc reculée jusque-là pour vous embrasser tous et je viens te demander un grand adoucissement