Page:Segur - Lettres de la comtesse de Segur.djvu/301

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Pâques, mais j’ai l’habitude de me résigner à ce que je ne puis empêcher et je me soumets. Cela me fera une bonne pénitence pour la semaine sainte; j’ai d’ailleurs votre satisfaction à tous qui me compense la mienne, et c’est très bien comme cela. Ce qui n’est pas bien, c’est ce qui se passe à Paris et à l’Assemblée. M. Thiers ne veut rien faire qui contrarie les rouges ; et bien mieux, de concert avec son ami rouge, Grévy président, il empêche les membres de la droite de parler ; on avait organisé (200 membres de la droite) un système énergique et facile contre Paris ; une organisation défensive des provinces ou départemens se tenant entre eux, contre les rouges ; une nouvelle organisation militaire, financière et administrative. C’était Armand qui devait porter ce projet à la tribune au nom des membres de la droite ; mais Thiers s’y est formellement opposé, ainsi que Grévy, et l’a empêché de s’expliquer. Thiers, pour conjurer la colère des 200 de la droite et l’irritation des 3ooindécis et modérés, leur a demandé huit jours pour l’exécution d’un plan secret et décisif. Ce plan aura sans doute le sort de tous les plans de l’année de campagne; celui de Châlons, de Bazaine, de Chanzy, de Bourbaki, de Trochu, désastre plus complet à chaque plan manqué. Cette Chambre vaut ses précédens acteurs ; tout cela fait un gâchis qui finira par nous détruire et nous mettre au niveau de l’Espagne, du Portugal, de l’Italie, de la Grèce, etc. Pauvre France ! quand se mettra-t-elle en mesure d’obtenir le pardon de ses affreuses impiétés, immoralités et cruautés ?…



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