Page:Segur - Lettres de la comtesse de Segur.djvu/52

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prétend n’avoir jamais été en danger, avoir toujours parlé, ri et causé, n’avoir pas souffert une minute, même des vésicatoires, et avoir été inutilement affamé, écorché, plumé et soigné. Il est sorti hier en voiture ; Jean partira sous peu de jours avec son père… J’ai été chez Sabine[1], que j’ai trouvée rayonnante de bonheur et de santé; j’ai quitté Sabine à huit heures, et je suis revenue mettre ordre à mes affaires, écrire ma dépense, répartir en deux jours mes courses et mes emplettes, prendre mon thé et me coucher. Ton père est rentré à dix heures et demie; il a très bon visage, ses entrailles sont très bien, ses reins aussi; encore un peu de temps et il abordera les fruits… J’attends de tes nouvelles avec impatience. Que Dieu te garde… jusqu’à mon retour. J’apporte des souvenirs à mon cher gros bonhomme. Je n’ai pas vu Louis Veuillot ; comment et où l’aurais-je vu? La mission de Gaston va on ne peut mieux et finit dimanche soir; l’église est pleine comble; les pauvres capucins sont envahis et débordés; leur règlement en est troublé; leurs offices sont changés d’heures; c’est un succès inattendu et colossal[2]… Demain la cérémonie[3]… Adieu, ma très chère Minette, je me dépêche à cause de l’heure.

Les Tuileries sont ravagées. On fait le pont de la rue de Bellechasse, juste en face; on perce les Tuileries pour les piétons seulement.

  1. Novice à la Visitation.
  2. Une des missions que mon frère avait organisées pour évan geliser les faubourgs de Paris.
  3. La prise d’habits de ma sœur Sabine.