Page:Segur - Lettres de la comtesse de Segur.djvu/56

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les agrémens que d’autres savent y trouver. J’hésite presque à avouer que les Pyrénées mêmes me paraissent sans charme; je les trouve belles, mais sans grâce; belles, mais de formes tourmentées et anguleuses; belles, mais de tons froids et tristement uniformes, dissemblables en tout aux charmantes et magnifiques montagnes de la Sabine; les Pyrénées sont Junon avec sa froide beauté; l’horizon de Rome est Vénus avec son entraînante perfection. On admire l’une, on aime l’autre, voilà pour moi la différence. Je ne ferais pas un pas pour revoir les Pyrénées (vues de Pau); j’en ferais cent mille pour contempler la Sabine… Camille a commencé ce matin son temps de couvent, elle est enchantée d’y aller; demain la journée sera complète ; aujourd’hui, jeudi, on a congé depuis midi. Nathalie et Paul les ont emmenées avec les Saint-John pour voir des courses qui attirent tout Pau… Je leur souhaite beaucoup de plaisir, mais je n’ai pas été tentée de le partager; un soleil ardent, un vent terrible, une poussière suffocante. A partir d’aujourd’hui, je vais être bien tranquille et je pourrai commencer et finir mon âne[1], sans préjudice de mes correspondances. Baby me fait penser à mon pauvre Jacques. Ce cher, charmant et excellent gros bonhomme contribue beaucoup à rendre méritoire mon voyage… Je t’embrasse mille fois, ma chère Minette chérie, et je te charge d’embrasser pour moi Émile et les chers enfants, surtout mon excellent petit Jacques. Madeleine est très

  1. Il s’agit de l’illustre « Cadichon ».