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À LA VICOMTESSE ÉMILE DE PITRAY


Pau, 7 avril 1859.


Chère Minette, j’ai écrit hier à ton père, afin qu’il fasse circuler ma lettre dans toute la famille en ligne directe et non collatérale. Tu as vu qu’en gros, tout s’était bien passé ; je réserve les détails pour le retour, sauf ceux qui peuvent t’intéresser ; ainsi, je te révélerai que dès la veille de mon départ j’avais mon rhumatisme au cœur, ce qui a troublé ma nuit du départ[1] et celle de Bordeaux, en gênant la respiration. L’aconit, que j’ai pris en route, m’a fait du bien et le sulfur que je me suis administré hier a sensiblement amélioré la position. Je vois que ma fin de carême sera un peu païenne ; Pau ne semble offrir aucune ressource extraordinaire du genre religieux, il est à croire que les habitants en sont si parfaits que leur zèle n’a pas besoin d’être ravivé et que leur vie est un carême perpétuel. Les églises me semblent rares ; la grande chaleur est un obstacle pour y arriver. Le couvent qui est en face du n° 9 ne donne aux fidèles qu’une messe de six heures du matin et une autre de huit heures et demie ; cette dernière est irrégulière et se remet pour cause d’enterrement, comme aujourd’hui. En tout, Pau me semble triste ; il est probable que ce que j’ai laissé à Paris influe sur ma disposition ténébreuse et me voile les beautés et

  1. Ma mère avait été appelée par ma sœur de Malaret, très souffrante.