Page:Segur - Lettres de la comtesse de Segur.djvu/77

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Nathalie que, d’après la dernière lettre d’Émile, tu commencerais une grossesse. Je m’explique alors tes maux d’estomac; tu es fatiguée, épuisée; tu n’as jamais un mois de repos et tu souffres… Il a plu ce matin, mais depuis onze heures il fait beau et les enfants en profitent. Ma toux reste au même point. Adieu, ma chère petite.



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À LA VICOMTESSE ÉMILE DE PITRAY


Les Nouettes, 31 août 1859.


Ta lettre, ma pauvre petite, que j’ai reçue hier, me confirme dans mes craintes… Que veux-tu! nous ne sommes pas dans ce monde pour nous amuser, mais pour souffrir… Pense à ta tante Galitzine, qui en a eu 17 [1] et qui a commencé à quatorze ans, la malheureuse ! C’est bien contrariant, mais… il faut aimer ce que l’on a[2]. Le piano est là, muet et inoccupé, car je n’appelle pas musique les essais des petites et l’affreux tapotage de Mme R…, qui joue sec, monotone, à contre-sens, dur, comme une cruche enfin (qu’elle est en tout)… La petite Luche a pris la coqueluche d’Adrienne, qui l’a prise du petit Tors et qui l’a donnée à tous les enfans de la maison ; elle mourra, c’est évident,

  1. Dix-sept enfants.
  2. Allusion à une jolie chansonnette que je chantais à ma mère et dont le titre est « Quand on n’a pas ce que l’on aime, il faut aimer ce que l’on a ».