Page:Segur - Lettres de la comtesse de Segur.djvu/88

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sieurs reprises ; tout était trempé, glissant, boueux. Le garde leur a dit qu’à la demande d’Émile, le conseil municipal avait décidé que le chemin qui passe le long de la maison et du bois serait supprimé, si c’est Émile qui achète Livet; le pays est dans une vive anxiété au sujet de la vente ; on désire ardemment votre suzeraineté et on craint beaucoup d’autres acheteurs.

Le plus clair de l’affaire est qu’il faut vous arranger de votre mieux dans la terre que vous achèterez, pour y vivre agréablement de ses produits.

A Livet, vous aurez du poisson, du gibier, du laitage, des produits de basse-cour, etc., etc. Vous y dépenserez peu. C’est Paris qui gruge. Moi, dans peu de temps, je serai forcément clouée à Paris, à cause de ton père, et j’y resterai jusqu’à ce qu’il plaise au bon Dieu de me rappeler à Lui.

J’espère que tu pourras me donner de tes nouvelles demain samedi et quelques détails sur ta santé, sur les enfans, ton voyage, les parens et amis de Paris. Je crains Paris pour la correspondance : on n’a jamais le temps d’écrire. Adieu, ma chère Minette…



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À LA VICOMTESSE ÉMILE DE PITRAY


Les Nouettes, 2 octobre 1859.


Je reçois ta pauvre lettre au crayon, chère Minette ; je t’en remercie d’autant plus que je te sais si souffrante. Ton père et Elise te trouvent extrêmement changée ; Élise est même inquiète de ton état de