Page:Segur - Lettres de la comtesse de Segur.djvu/89

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

santé… Il paraît, d’après cela, que le changement d’air ne t’a fait aucun bien.

Je sais que tu devais voir M. Tessier; mais que peut faire M. Tessier contre un état provenant d’une longue et grande fatigue? Et que pouvons-nous faire tous, que de te plaindre et souffrir avec toi? Je te remercie, chère petite, de tous les détails que contient ta lettre, malgré ton état de souffrance. En t’écrivant pour ta fête, j’ai emmêlé les deux événements de ta naissance et de ton voyage du Tréport à Paris et je me suis figuré que les deux n’en faisaient qu’un et que tu voyageais le jour de ta naissance ; l’erreur n’a duré que les instants d’absorption de la lettre, et, le jour même, le grand jour, le rr octobre, tu n’as pas été oubliée pendant la messe, à Aube. Le curé vient dire la messe ici les mardi et vendredi; le beau temps est engageant, les autres jours, pour les sorties matinales. Mes journées se passent en petites et grandes promenades ; ma correspondance a peine à se faire et je ne sais quand je pourrai commencer, continuer et finir le Triomphe du Pauvre Biaise. Ce n’est pourtant pas le petit Louis qui m’en empêche, car je le vois à peine un quart d’heure dans la journée et une demi-heure le soir au salon. Les petites travaillent et jouent ensuite ; mais c’est un va-et-vient dans ma chambre, ce sont des appels de l’un, de l’autre, et, comme je l’ai dit plus haut, une abondance de promenades qui me ravissent tout mon temps et surtout mon repos d’esprit.

Je me porte très bien dans tout cela, mais je n’ai pas deux heures pour écrire, en dehors de ma cor respondance.