Page:Segur - Lettres de la comtesse de Segur.djvu/94

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ravage je ferais dans les rangs de ces gens-là et quelle position je ferais à nos amis ! et comme je ferais envisager à l’Empereur l’abîme vers lequel il marche ; lui, je le convertirais ; j’en ferais un saint Louis ! de l’Impératrice une sainte Eugénie, et de toute sa cour épurée une maison de Dieu.

Adieu, ma chère petite chérie ; je t’embrasse.tendrement; Mme R… est obligée de partir pour être gouverneur du jeune de V…, âgé de quatorze ans, en remplacement de son mari, qui part subito, pour la remplacer près de son père à elle, mourant d’une fluxion de poitrine et âgé de quatre-vingt-douze ans, qui demande sa fille avant d’expirer. Elle ne partira que demain ou après. Je serai obligée de me faire gouvernante des petites…. Je ferai de mon mieux, jusqu’au retour de Nathalie[1] ; je n’écrirai plus que des mots, car presque tout mon temps sera pris par ce devoir improvisé. Je t’embrasse tendrement, ma Minette…. Je croyais que mon petit Jacques m’avait oubliée et je suis touchée de son souvenir si constant. J’aime beaucoup les tapes de Jeanne, pour qu’on la laisse marcher seule. Que je voudrais voir cette grosse boule trotter sans aide!



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À LA VICOMTESSE ÉMILE DE PITRAY


Les Nouettes, 16 octobre 1859.

Chère enfant, je commence demain mes fonctions de gouvernante, ce qui va me prendre tout mon

  1. Retenue près de l’Impératrice.