Page:Senancour - Rêveries, 1833.djvu/366

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Note D. (p. 27)

On pourrait dire en un sens que l’univers est bon ; mais ne serait-il pas absurde de le supposer mauvais. Il convenait que les choses fussent, puisqu’elles sont. Comment seraient-elles, en général, s’il était plus convenable qu’elles ne fussent pas ?

Note E. (p. 28)

L’universalité même des fins générales empêchera tout être borné de les bien entrevoir. Celui qui cherche des causes finales particulières et qui les donne comme des raisons, non pas de la marche de quelques incidens, mais de l’existence des êtres, ou de leurs propriétés essentielles, devrait sentir qu’il s’égare dans un cercle d’allégations contradictoires. Pourquoi le lièvre a-t-il reçu la timidité, la légèreté, la ruse ? C’est, disent-ils, l’effet d’une prévoyance conservatrice, c’est pour que le lièvre s’échappe quand il est poursuivi. Mais pourquoi le chien du chasseur a-t-il de l’agilité, une gueule bien armée, un aboiement formidable ? Apparemment c’est pour troubler le lièvre, l’atteindre et le livrer à la mort. Comment voit-on de la bienfaisance d’une part, si de l’autre on ne voit pas une intention opposée ?

On observe que le pic de Ténériffe, destiné à rafraîchir