Page:Senancour - Rêveries, 1833.djvu/377

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notre délicatesse même a dû réprimer nos affections, parce que la leur a jugé à propos de ne pas nous gêner dans ces sortes de choses.

« Passer dans l’incertitude les années de la jeunesse, et consumer celles de la force dans une contrainte inévitable ; faute de succès renoncer à la simplicité qu’on voudrait toujours, se charger de travaux inutiles, s’attacher à des soins aggravés par le dégoût, et se hâter péniblement vers un but qu’on ne désire pas ; se sacrifier pour des proches qu’on ne rend pas heureux, ou s’abstenir attentivement de se lier avec des personnes qu’on eût beaucoup aimées ; être inquiet auprès de ses connaissances, et froid avec ses amis ; chaque jour parler et agir sans naturel, sans grâce, sans liberté : constamment sincère, éviter la franchise, avec une ame vraie, et des sentimens élevés, ne montrer ni noblesse, ni énergie, taire à jamais ses meilleurs desseins, et n’accomplir les autres que très-imparfaitement : cela s’appelle n’avoir pu conserver une partie de sa fortune. » Extrait d’une narration inédite.

Note O. (p. 233)

Un enfant pourra continuer à vivre s’il voit la lumière après neuf et quelquefois après sept lunes d’existence. On a jugé qu’à sept ans nous sortions d’une entière nullité morale. À quatorze ans peuvent commencer les facultés génératives, et à vingt et un paraît se déclarer une sorte