Page:Senancour - Rêveries, 1833.djvu/416

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nétration et la sincérité : purement religieuse alors, et profondément philosophique, la morale sera pour tous une révélation de l’ordre général. Si nous évitions la manie des systèmes et les préventions des écoles la morale serait toujours vénérée parmi nous. Sans doute il suffit au sage qu’elle soit simple, non moins qu’évidente, et que renonçant aux prestiges, ou ne dictant que des lois rigoureusement exactes, elle ne laisse aucun prétexte de les méconnaître et de les éluder ; mais il peut l’aimer encore lorsque, plus favorable à ceux d’entre nous qui cèdent à leurs affections, au lieu de s’attacher à en distinguer l’origine, elle prend vers le sanctuaire un caractère plus imposant à leurs yeux. Écrivains généreux ! vous n’avez tous qu’une même fonction ; c’est à vous de soutenir les forces morales, et le pouvoir de la pensée, contre l’impulsion des sens et la témérité de l’instinct. L’ordre présent se compose et des lois physiques et des lois intellectuelles. Si vous maintenez ces relations, cette harmonie aussi convenable pour les jouissances de l’homme que pour la vraie félicité, votre influence triomphera de l’oppression des temps.

Pourquoi cette opposition systématique, ces doctrines captieuses, ces rivalités qui affaiblissent l’empire de la raison ? Comment excuser de vaines imputations, des artifices, des haines si contraires à l’esprit d’une loi sainte ? Organes du vrai expliqué par nos besoins naturels, ou du vrai interprété par les décrets d’une Providence, exercez plus paisiblement votre ministère. Soyez unis pour éclairer, pour tranquilliser les cœurs affligés, et les esprits incertains. Répandez dans toutes les classes cette aversion pour le mensonge, cette impartialité que redoutent égale-