Page:Servières - Tannhæuser à l’Opéra en 1861, 1895.djvu/107

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doivent déshonorer Paris aux yeux de l’Allemagne.

Mais le plus zélé fut encore Giacomelli, qui consacra son journal à la glorification de Wagner, tantôt en commentant les incidents produits par les représentations de Tannhæuser, tantôt en insérant les articles favorables des autres journaux. Le 17 et le 21 mars, il publie deux lettres « d’un vieil habitué de l’orchestre aux abonnés de l’Opéra ». Dans la première, le rédacteur accuse ceux-ci d’avoir cédé à des préventions. Dans la seconde, il apprécie les innovations de Wagner comme poète et comme musicien :


Comme poète, il tend à affranchir le libretto de cet asservissement dans lequel il gémit depuis si longtemps et qui a dégoûté les grands génies d’aborder ce genre soi-disant secondaire. Il tend à établir entre les paroles et la musique une fusion plus intime, il désire que le poème soit conçu mélodiquement et que la forme musicale y soit complètement figurée, en sorie que le musicien n’ait plus qu’à écrire les notes, sans répétitions de phrases et de paroles…

Loin de proscrire la mélodie, il demande au contraire pour elle une plus large place ; il désire qu’elle soit continue comme dans une symphonie et qu’elle ne soit pas restreinte à quelques passages traditionnels : romance, ballade, séré-